[Témoignage] Alès du point de vue d’une éleveuse de porcs

Abattoir Alès

Nous avons pu nous procurer l’article publié par le Midi Libre ce matin et donnant la parole à une éleveuse locale de cochons : Chantal Verrechia qui est à la tête d’une exploitation familiale à Marguerittes. Quelle est sa vision du scandale d’Alès? Comment conçoit-elle la question de la souffrance animale? Quelles difficultés les éleveurs rencontrent-ils depuis la fermeture d’Alès?

« Quelle a été votre réaction en apprenant la fermeture à titre conservatoire de l’abattoir d’Alès, le 14 octobre, à la suite de la diffusion, par l’association L214, de vidéos montrant de mauvais traitements sur les animaux et des problèmes sanitaires ?
On a été très surpris. En fait, on l’a appris par une cliente, au téléphone. Ensuite, on a été bien informé de la réalité des faits. J’ai vu quelques extraits des vidéos à la télé. Mais je n’ai pas tout regardé.

Avez-vous été choquée ?
Un abattoir, déjà, ce n’est jamais beau. Un abattoir reste un abattoir. C’est un milieu difficile. Mon mari, mon fils et moi, nous sommes pour le bien-être des animaux, contre leur souffrance. Chez nous, ce n’est que du plein air, pour nos porcs et nos volailles.
Il y a beaucoup d’espaces pour les animaux. Je suis la première à être choquée par des oiseaux en cage. La chanson de Pierre Perret, Ouvrez la cage aux oiseaux, eh bien oui.
À Alès, il faudrait savoir sur combien de temps cela a été filmé. Il peut y avoir des erreurs humaines, comme dans tous les domaines. Quand on n’est pas sur le site pour savoir ce qu’il s’y passe, on ne peut pas vraiment en parler.

Il est quand même question d’animaux découpés vivants…
Ah ça, c’est anormal. Cela ne doit jamais arriver.

Cette fermeture en tant que telle, vous la comprenez finalement ?
Oui, je la comprends. Et c’est normal qu’il y ait une enquête.

Les conséquences ne sont pas négligeables pour les petits éleveurs. Est-ce votre cas ?
Plus de soixante éleveurs gardois seraient concernés. Nous, nous allons désormais à Valence faire abattre. D’autres, c’est à Aubenas ou Le Vigan, avec une route très mauvaise. Ce sont des frais en plus, du personnel mobilisé : pour nous, c’est une demi-journée pour faire l’aller et le retour.

Cela met-il réellement en péril votre activité ?
À longue échéance, cela peut, bien sûr. On ne peut pas avoir plus de frais que ce que l’on a déjà. Des frais d’essence, de péage, supplémentaires… On conduit à l’abattoir chaque semaine cinq porcs. Cela nous coûte grosso modo une centaine d’euros en plus par semaine et du temps gaspillé. D’autres éleveurs, plus modestes, n’amènent qu’un cochon par semaine à l’abattoir. Ils font autre chose à côté, comme du fromage par exemple. Ils ne vont pas aller à Valence ou Aubenas pour tuer un porc. Comment vont-ils faire, ils vont l’abattre chez eux, le cochon, clandestinement ? Il faut que les gens puissent travailler correctement. À notre époque, où l’on prône de plus en plus la vente directe et la qualité, qui permettent la survie du petit éleveur, cela cause un problème. Nous, notre porc n’est pas vendable en boucherie, il serait trop cher. Notre porc a mangé pendant sept mois : il ne se valorise qu’en circuit court. Nous transformons nous-mêmes nos produits, en charcuterie notamment.

Qu’attendez-vous désormais ?
On attend qu’Alès rouvre, aux normes et avec le respect de l’animal. Comme on dit toujours lorsque l’on fait visiter notre élevage : ce n’est pas parce qu’un animal est destiné à la boucherie qu’il doit être maltraité et qu’il ne faut pas le respecter. Au contraire. Il a été abattu pour nourrir, il doit donc être respecté. Il doit l’être tout autant qu’un animal de compagnie ».

Référence complète de cet article :
Le Midi Libre, 26/10/2015 : « Gard/Chantal Verrechia : Un animal destiné à la boucherie doit être respecté », propos recueillis par Richard Boudes.

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Association en faveur de l'abattage des animaux dans la diginité. Nous nous battons pour que chaque animal soit étourdi préalablement à sa mise à mort.

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